La pilule : quand en parler à sa fille ?

Votre fille grandit et vous vous doutez qu’elle a un petit ami. Que cette relation soit sérieuse ou pas, une question se pose aux parents : comment parler contraception à son ado, et à quel âge commencer la pilule ? Israël Nisand, gynécologue et obstétricien, nous éclaire…


Quand parler contraception et sexualité à son ado ?

Je ne pense pas que ce soit aux parents de le faire. Ils sont les mieux placés pour parler du respect de soi-même, du respect de l’autre. En revanche, dès qu’il s’agit de parler de sexualité ils sont vite dépassés. Cela implique de lever le voile sur sa propre sexualité et les jeunes ne veulent pas entendre ces détails. Il y a aussi les ados qui ne veulent pas décevoir leurs parents, et cachent toute relation.  Le conseil que je donnerais aux parents est surtout de parler de respect des autres, de son corps, mais  à partir de 12-13 ans, les adultes doivent passer la main à des tiers qu’ils estiment compétents (médecin traitant, ami, gynécologue…) pouvant intervenir.

Il y a-t-il un âge idéal pour commencer la pilule ?


Non, il n’y a pas d’âge particulier. Il faut la commencer dès lors que la jeune fille débute sa vie sexuelle.

Etre soumis à un taux d’hormones assez jeune peut-il avoir des conséquences la santé des adolescentes ?

Pas du tout. Au contraire, cela permet de mettre les ovaires au repos. Il n’y a donc aucun risque pour la fertilité future des jeunes filles.

Dans votre rapport de 2012, vous demandez la gratuité de la contraception pour les ados. Mais la pilule est-elle le meilleur moyen de contraception pour les jeunes filles ?

On ne prône pas uniquement la gratuité de la pilule. Je pense qu’on prescrit trop de contraception orale en France. La prise de la pilule demande une attention particulière, c’est une machine quotidienne, ce qui peut-être compliqué à gérer pour une fille en garde alternée, par exemple, lorsque ses parents ne sont pas au courant. Vous vous imaginez, en étant une semaine chez sa mère, l’autre chez son père, cela augmente les risques d’oubli. En somme, s’il y avait plus de stérilets et d’implants prescrits aux jeunes filles, le  nombre de grossesses non désirées chez les adolescentes serait beaucoup moins important.

 

Contraception des ados : le rapport Israël Nisand

Le rapport sur la contraception et l’avortement des jeunes filles remis à Jeannette Bougrab, secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse, le 16 février 2012 pointe du doigt le dysfonctionnement du système français. Explications : alors que l’IVG et la pilule du lendemain sont gratuits et anonymes pour les mineures, la contraception est payante ou remboursable par la Sécurité sociale des parents, ce qui implique leur autorisation. Pour les auteurs du rapport, parmi lesquels Israël Nisand, ce « hic » est à l’origine du fort taux d’interruptions volontaires de grossesse chez les mineures. En effet, en France, en 2010, 13 500 adolescentes ont avorté sur les 18000 tombées enceintes. Afin de contrer ce phénomène, le rapport soumet 18 propositions telles que la confidentialité de la consultation et de la prescription, la gratuité de la contraception pour les mineurs, qui l’est aujourd’hui uniquement dans les centres de planification familial. Autre recommandation : l’application de la loi en matière d’éducation sexuelle à l’école, stipulant trois heures de cours par tranche d’âge, et ce, dès la maternelle. Selon le docteur Nisand, jusqu’à présent, « celle-ci est quasi inexistante »

 

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