Adolescence et tabac : la jeunesse part en fumée !

Le tabac, première drogue chez les ados

Tout parent, fumeur ou non, appréhende de voir son ado avec une cigarette à la main ou à la bouche. Cette inquiétude est fondée. Selon l’Agence Mondiale de la Santé, 150 millions de jeunes de 12 à 18 ans fument dans le monde. En France, 9 % des ados de 12 à 14 ans ont déjà goûté à leur première cigarette et continuent. Le nombre explose dès 14 ans : jusqu’à leur majorité, 41 % des ados sont des consommateurs réguliers de tabac. Surtout, c’est la première drogue consommée par les ados. La France se situe, ainsi que l’indique le Ministère de la Santé au 18ème rang des 27 pays européens en ce qui concerne la consommation de tabac chez les jeunes. Nous sommes en-dessous de la moyenne. Les indicateurs ont tendance à montrer, malgré des baisses et des hausses de légère importance, depuis l’application de la loi Hevin, que le pourcentage d’ados fumeurs est stabilisé depuis 10 ans. Sauf que la France compte une natalité vive et que cela implique qu’en termes de nombre, les ados qui fument sont plus nombreux

tabac et ado

 

La cigarette, un produit (pas) comme un autre

Longtemps, industries du tabac et marketing n’ont pas été explicitement liés. Depuis que les archives du groupe Philip Morris ont été rendues publiques, on comprend tout l’intérêt porté aux adolescents. Des pages entières répètent : « Les adolescents d’aujourd’hui sont les consommateurs réguliers potentiels de demain, et la très grande majorité des fumeurs commence à fumer à l’adolescence.» (Philip Morris, 1981). Tout est fait pour séduire les jeunes : des couleurs funky aux cigarettes au chocolat ou aux « cigarettes bonbons » et il n’y a pas si longtemps le paquet à 10 cigarettes. Malgré la loi qui interdit aux buralistes de vendre des cigarettes aux moins de 18 ans, dans les faits, les ados sont au cœur d’un marketing meurtrier.
Si les ados sont les toutes premières cibles de l’industrie du tabac, c’est que 50 % des ados fumeurs le resteront à l’âge adulte et 25 % de ces ados mourrons des conséquences directes ou indirectes du tabac. Les jeunes filles ne seront pas épargnées puisque pilule et tabac forment un cocktail explosif, décuplant le risque de cancer du col de l’utérus.

Prévenir, parler mais ne pas interdire

 

tabac adolescent interdiction

Les adolescents connaissent les données liées à la dangerosité du tabac, mais ne les intègrent pas toujours. L’information publique constante et le fait que les lycées ne soient plus des zones libres pour fumer devraient aller dans le sens d’une prise de conscience ou d’une diminution. Les photos trash n’ont servi à rien. Pire, ainsi que l’indique le Dr Joseph Osman président de l’Office Français de Prévention contre le Tabagisme, plus le tabac est montré comme nocif et réservé aux adultes, plus les adolescents seront tentés de consommer un produit transgressif. Il ajoute que les données scientifiques n’ont pas d’impact sur les ados qui voient les conséquences comme étant très lointaines. Par contre, il ajoute, « que le parent soit fumeur ou non, il est impératif de ne pas brusquer son ado, comme on ne malmène pas un ado souffrant de diabète. Il est important de reconnaître de suite que son ado a mis le doigt dans un cercle vicieux et agir raisonnablement pour qu’il en sorte. Cela implique de parler, de s’informer par des livres, des émissions, des conférences et de nouer un contrat avec l’ado. Par exemple, le parent peut exiger qu’il ne fume pas à la maison ou dans sa chambre, mais admettre qu’il le fasse à l’extérieur. Si le parent est fumeur, ils peuvent aller ensemble à une consultation de tabacologie. C’est aussi peut-être l’occasion pour le parent d’arrêter. » Dans tous les cas, le Dr Osman indique aux parents qu’ils « doivent s’informer et s’armer pour répondre aux questions souvent légitimes de leur enfant, telles que : pourquoi n’a-t-on pas le droit de fumer dans la cours du lycée alors qu’on le peut sur le trottoir à l’extérieur ? Rien de tel que le dialogue et le fait d’amener l’ado à prendre conscience de sa dépendance. Les ados sont des personnes qui réfléchissent par elles-mêmes. Le parent doit être un accompagnateur. »
Enfin, n’hésitez pas, en échange d’économies réalisées par l’arrêt du tabac, à l’encourager à aller au cinéma, à acheter un nouveau jeu vidéo, ou à s’inscrire dans des clubs de sport qui parfois s’impliquent aussi dans la lutte contre le tabagisme des jeunes. Tout plaisir véritable minimisera nécessairement celui du tabac et permettra à votre ado de le laisser pleinement profiter de sa jeunesse et éviter qu’elle ne parte en fumée

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