La junk food, ennemie des ados ?
Fast-foods, pizzas, sodas… les ados raffolent d’aliments sucrés et gras, pas toujours compatibles avec un bon équilibre alimentaire. Alors pourquoi les jeunes sont-ils de si grands adeptes de junk-food ? Le professeur Patrick Tounian, nutritionniste à l’hôpital Armand Trousseau, fait le point…
Les fast-foods ciblent surtout les jeunes. Comment expliquer leur succès auprès des ados. Est-ce le poids du marketing ou l’aspect gustatif qui les attirent ?
Il y a de tout. Les fast-foods, c’est un marketing poussé au sens général du terme qui cible parfaitement les ados. Concernant le plan gustatif, il faut savoir que de grands chefs étoilés, payés très cher, sont engagés par Mc Donald’s, qui comblent parfaitement les papilles des jeunes et des moins jeunes. Tout est calculé. Le fast-food, c’est convivial. On va là-bas avec les copains. On n’a pas besoin des parents. On mange très rapidement et avec les doigts. Tout est pensé pour entraîner une dépendance, mais une dépendance qui n’a rien à voir avec une réelle dépendance.
Dépendance psychologique ?
Oui, absolument. Le mot dépendance a une signification très particulière. C’est un : une accoutumance, une addiction. C’est-à-dire que plus vous consommez les produits, plus vous en avez besoin pour arriver au plaisir de la satisfaction. Et de deux : si vous en manquez, vous devenez dingue. En ce qui concerne l’alimentation, on parle souvent de dépendance au sucre. C’est une idée complètement fausse. Quand vous manquez de sucre, vous ne tuez pas tout le monde pour en avoir.
Concernant les édulcorants, représentent-il un danger pour les ados ?
Alors, pour l’aspartame, qui est l’édulcorant le plus utilisé, il y a eu des travaux internationaux sur la question. La dose maximale en-dessous de laquelle il n’y a aucun danger est de 45 mg par jour et par personne toute la vie durant, ce qui correspond à six litres de coca zéro par jour pendant 60 ans. Si vous dépassez cette dose, effectivement, c’est dangereux. En-deçà, ça ne l’est pas.
Les ados aiment manger avec les copains, ou grignoter devant leur écran d’ordinateur. Comment conseils donneriez-vous pour retrouver le plaisir de manger en famille ?
Ce sont des conseils généraux d’éducation, pour les adolescents mais qui s’appliquent à tout âge de la vie. Chez les enfants, il faut un cadre. Et il faut que ce soit un cadre ni trop rigide ni trop laxiste. Si un adolescent dit un jour qu’il est en pleine conversation sur Facebook, il faut savoir lui dire ok. Mais cela doit rester exceptionnel. Bien évidemment, les ados cherchent parfois à acquérir de l’autonomie, mais il faut négocier, leur dire que cela fait au plaisir aux parents que tout le monde dîne ensemble. Autre conseil : leur donner la parole à table ou leur proposer de faire le dîner… pour remettre en place une cohésion familiale. Ici, on sort de la nutrition.