L’équilibre alimentaire des ados
Fer, calcium, acides gras essentiels… le professeur Patrick Tounian, nutritionniste à l’hôpital Armand Trousseau de Paris, fait le point sur l’équilibre alimentaire des ados.
Quel conseil pourriez-vous donner aux parents qui ont peur que leur ado souffre de carences ?
Déjà, il faut dédramatiser. Je vois régulièrement en consultation des parents affolés. Je leur réponds qu’il ne faut pas s’inquiéter. Un régime équilibré et sans carence repose essentiellement sur le fer et le calcium. Le fer est apporté par la viande. Les ados devraient en manger deux fois par jour. Voire plus : manger du jambon le matin, pourquoi pas. Le fer est très important. En revanche, il faut savoir que celui contenu dans les légumes, comme les lentilles, est très mal absorbé. Dans les cas extrêmes, il ne faut pas hésiter à faire des supplémentations. Deuxième élément, plus simple, le calcium. Plus simple, pour deux raisons. D’abord, parce que les adolescents continuent à consommer des produits laitiers, ne serait-ce qu’à 0 %. Et s’ils ne le font pas, ils peuvent boire des eaux minérales riches en calcium.
Les eaux minérales peuvent remplacer des produits laitiers ?
Oui, ça remplace. Mais il faut en boire de grandes quantités : 1,5 litre par jour. Ca ne fait pas grossir, ça paraît sain.
Un autre élément essentiel pour les ados ?
Le troisième élément qui s’ajoute aux premiers, ce sont les acides gras essentiels. Il faudrait manger du poisson deux, trois fois par semaine.
Le goûter est-il toujours de mise pour les ados ?
Le goûter peut tout à fait être inclus dans une alimentation équilibrée s’il ne perturbe pas l’apport nutritionnel. Il faut savoir qu’en Angleterre, le goûter n’existe pas. C’est un repas très franco-français. Ce qu’il faut, c’est ne pas tomber dans l’excès. Si l’enfant mange plusieurs pains au chocolat au goûter et qu’il ne mange rien au dîner, ce n’est pas bon. Mais on peut l’intégrer et ça n’empêche pas un régime efficace.
Le grignotage chez les ados
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les principaux risques du grignotage sur nos ados sont les carences, et non le surpoids. En effet, ces derniers « dévorent des bonbons, des chips, des cacahuètes… Et une fois à table, ils n’ont plus faim. De ce fait, ils ne mangent pratiquement rien : pas de viande, pas de produits laitiers, et ils se mettent dans une situation de carence », explique le professeur Tounian. Selon lui, l’obésité, ne concerne qu’une minorité d’adolescents. « Leurs besoins devenant importants, les ados peuvent manger des quantités phénoménales, toute la journée, sans grossir. Le risque, c’est d’avoir une alimentation complètement déséquilibrée sans les apports nécessaires ».